Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Je ne suis pas un militant. Ca a pu m’arriver par le passé de tenter de pousser mes idées un peu trop fort, mais le temps m’a appris qu’au final ça ne servait pas à grand chose d’expliquer ses idées à quelqu’un qui n’y est pas réceptif.
A la place, comme le petit colibri, je fais ma part:
Au quotidien, je me déplace à 95% à vélo, c’est largement suffisant pour la plupart des déplacements que je fais. Restent 5% qui sont les déplacements très chargés ou très lointains, boulot oblige, que je fais en voiture. Mais dès que j’ai le choix, c’est le vélo.
Quand je dois voyager, je donne la priorité au train dès que possible. Non seulement c’est moins polluant que l’avion, mais pour la plupart des vols de moins de 2 heures, c’est au final plus rapide et confortable si on prend en compte le déplacement vers l’aéroport, au départ et à l’arrivée. Petit bonus, je peux prendre mon vélo (un Brompton pliable) à coup sur dans le train, c’est moins garanti dans l’avion.
J’évite autant que possible le plastique jetable: je bois de l’eau dans une bouteille en Inox que je remplis aux fontaines ou robinets que je croise (quand on y fait attention, il y en a partout dans toutes les grandes villes). C’est parfois inconfortable à trimballer mais je bois au final plus d’eau et je grignote moins. Raison première de mon choix, j’ai réalisé que je bois minimum 2 litres d’eau chaque jour, donc environ 700 bouteilles en plastique par an, certes une goutte d’eau à l’échelle du monde, mais ça reste une grosse goutte d’eau à l’échelle de ma petite personne.
Je prépare mes repas quand je suis sur des salons où je dois m’occuper de mon déjeuner. Dans la meme veine que les bouteilles en plastique, sur les salons, acheter de la nourriture me pose un problème, puisque tout est servi dans des emballages à usage unique. Mais c’est également de la très mauvaise nourriture hors de prix, et il faut souvent faire la queue pendant un temps fou (ça m’est arrivé d’y passer 45 minutes pour un sandwich) pour mal manger. J’ai donc investi dans des boites bento qui gardent mon repas chaud, et je prépare mon déjeuner avant de partir. Bonus, comme je décide sans contrainte de ce que je mange et que c’est fait maison, je garde la ligne.
Dans la continuité du point précédent, j’évite les couverts jetables en ayant sur moi des couverts réutilisables en inox. Ca ne prend pas une place folle dans le sac, ça se nettoie en quelques secondes à un point d’eau, et ça évite un énorme gaspillage de plastique polluant. Seul souci, il faut penser à les sortir du sac quand on prend l’avion sous peine de se les faire confisquer.
J’évite le matériel inutile: bien sur, je sécurise toujours mon travail en ayant des solutions de rechange en cas de souci de matériel, mais je pèse bien l’utilité de tout ce que j’emporte avec moi sur un job, car c’est ce qui fait que je peux aller travailler en vélo ou prendre un repas dans mon sac. Prendre 5 objectifs pour au final n’en utiliser que 2, c’est franchement rageant quand on réalise à quel point ça pèse dans les autres décisions.
Je privilégie ce qui dure longtemps: vous voyez ce sac ou ce pull que vous avez depuis toujours et que vous adorez? C’est pareil avec tout ce qu’on garde très longtemps, le vrai défi étant de devenir capable d’évaluer ce qui va vraiment durer, tant du point de vue de la solidité que de son utilité réelle. Ca impose de repenser sa façon d’acheter, mais c’est au final très satisfaisant.
Il me reste plein de choses à améliorer bien sur, mais je ne suis pas un djihadiste de l’environnement et je ne juge jamais ce que font les autres. Je choisis de gaspiller le moins possible de plastique, mais vous êtes libres de le faire devant moi et je ne le mentionnerai même pas (parfois, je n’ai pas le choix et je gaspille aussi, ça ne vaut pas toujours le coup de discutailler pour pas grand chose au final). Je n’aborde pas le sujet spontanément et il ne sort que quand quelqu’un s’étonne de me voir sortir une bouteille réutilisable de mon sac ou débarquer à vélo sur un job en province.
Je ne milite pas, mais je m’inquiète un peu du monde que je vais laisser à mes enfants, et donc je fais ma part.
P.S.: Pro-tip de voyageur, quand vous cherchez un restaurant en province, commencez par chercher ceux qui ont Colibri dans leur nom. Si c’est un petit restaurant, vous avez 99% de chances qu’il source tous ses produits localement et que ce soit de la cuisine maison de qualité. Mention spéciale á la crêperie Colibri de Rennes qui m’en a fait prendre conscience sur un déplacement professionnel l’an dernier.