Ce week-end a vu apparaitre une annonce surprise dans mon news feed: Fujifilm va bientôt sortir une nouvelle version de sa série X-Pro, et elle s’annonce philosophiquement révolutionnaire.
Fujifilm propose 3 gammes d’appareils susceptibles de m’intéresser: la série X-T qui est celle que j’utilise au quotidien car c’est la plus versatile, la série X-H qui est mon backup et mon système dédié quand je suis sur de la vidéo, et la série X-Pro qui est une gamme d’appareils plus nettement orientés photo pure, mais que je n’ai jamais vraiment regardé car trop proche du X-T avec un peu moins de fonctions. Jusqu’à maintenant…
Enfin, jusqu’à maintenant… En vérité, je commence à les regarder car Fujifilm, avec la version 3, leur ENLÈVE des fonctions, qui en font un appareil de photographe puriste plein de limites qui rebuteront beaucoup de monde et en attireront quelques autres.
Je suis, dans mon coté créatif, toujours boosté par les limitations auxquelles je peux être confronté au quotidien. Que j’aie un choix limité d’optiques sous la main, ou peu de matériel adapté, et je vais me montrer infiniment plus inventif pour arriver à mon objectif, avec en général des résultats surprenants et bien plus originaux que si j’avais eu tout ce qu’il fallait sous la main. Et je regarde parfois avec nostalgie l’époque où on ne pouvait pas regarder vite fait sur son écran si la photo était réussie et où il fallait la travailler en amont pour s’assurer que tout était parfait du premier coup.
Et c’est le coup de génie de Fujifilm: ils jouent sur la nostalgie des appareils argentiques avec leurs boutons et molettes, et poussent la logique jusqu’au bout en forçant le photographe à garder l’oeil dans le viseur. Toutes les mauvaises habitudes du numérique, où on passe son temps à vérifier vite fait la photo qu’on vient de faire, où on mitraille en se disant qu’on en sortira bien une correcte avec de la chance, sont à perdre avec cet appareil. Parce que oui, la fonction révolutionnaire de cet appareil, c’est que l’écran est caché et pas facilement accessible, et que donc il faut bien calculer et anticiper chaque mouvement qu’on va faire. Un vrai retour aux sources de la photographie, et un très bon exercice pour qui veut (re-)prendre de bonnes habitudes après des années de numérique pur.
Couplé aux simulations de film de Fujifilm et en se forçant à shooter en JPEG, on fait un petit bond dans le temps, vers une époque où il fallait de très sérieuses compétences pour être photographe. Et c’est tout l’intérêt de cet appareil.
Ce n’est pas du snobisme: je cherche toujours à progresser, dans tous les domaines où j’ai des ambitions. Je gagne ma vie dans la photographie, et ça passe par plusieurs domaines, qui sont le marketing, la vente, le SEO, la communication, mais, avant tout… la photo. Si j’améliore mon oeil en suivant des formations régulièrement, j’adore l’idée de ne plus pouvoir me reposer sur l’appareil et sa magie qui est capable de récupérer les situations les plus extrêmes, et d’être obligé de faire l’effort de réfléchir, d’aller plus lentement, pour au final être plus efficace et meilleur photographe.
Je vous passe les petits raffinements qui vont avec, comme le corps en titane qui le rend plus résistant, l’adoption du standard USB-C qui garantit de longues années de tranquillité sur ce format qui a souvent été trop instable, les viewfinders optiques et électroniques qui arrivent enfin à maturité sur cette génération d’appareils (ce qui veut dire que depuis cette génération avec la sortie du XT-3, je n’ai plus rien à leur reprocher et j’en suis pleinement satisfait, pas qu’on ne pourra plus les faire évoluer). Bref, toutes ces petites choses qui font que j’ai enfin l’impression d’être face à un appareil qui pourra m’accompagner de longues années comme l’argentique qui trône fièrement sur mon bureau depuis toujours.
Reste une grosse inconnue, le prix, car d’expérience le titane coûte plus cher à produire, et ça ne sera probablement pas un gros succès auprès du grand public, sauf si tout le monde devient un snob de la photo du jour au lendemain. Mais il me tarde d’en avoir un entre les mains, et j’en publierai un test détaillé dès que ce sera le cas.
Une idée sur la couleur que je prends? J’ai tendance à aller vers le silver cette année, mais j’avoue que le modèle Dura Black me fait de l’oeil.